Le Réseau Tramontana a pour objet la documentation, le traitement, l’analyse, la restitution et la diffusion, par des biais novateurs, participatifs et dynamiques, du patrimoine culturel immatériel des sociétés rurales et montagnardes d’Europe. Cette démarche s’inspire des principes énoncés dans la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, adoptée à Paris le 17 octobre 2003 par l’UNESCO. Constitué en 2011, le Réseau Tramontana se compose aujourd’hui de huit membres de cinq pays différents, travaillant en Espagne (1), France (3), Italie (2), Pologne (1) et Portugal (1), auxquels s’ajoutent de nombreux partenaires associés dans les pays membres ainsi que deux partenaires associés de Roumanie (2) et d’Albanie (1), à savoir deux pays externes par rapport au réseau principal.

Toutes ces entités, qui ont des histoires, des missions, des démarches et des approches méthodologiques à la fois différentes et complémentaires, se reconnaissent et se rassemblent autour de la sauvegarde et restitution de l’héritage culturel immatériel des montagnes européennes où elles opèrent.

Dans le cadre du présent projet, sur la base de notre connaissance directe et prolongée des terrains, par « patrimoine culturel immatériel » nous entendons les pratiques, les représentations, les expressions, les connaissances, ainsi que les outils, les objets, les artéfacts et les espaces culturels qui y sont associés que les communautés locales ou les individus reconnaissent comme constitutifs de leur héritage culturel.

Le patrimoine culturel immatériel des montagnes d’Europe, transmis d’une génération à l’autre, est constamment régénéré par les différentes communautés en réponse à leur milieu, par rapport à leur interaction avec l’environnement, à leur histoire. Il génère et affermit au sein de ces mêmes communautés un sentiment d’appartenance, entre continuité et évolution, qui est source de diversité culturelle et moteur de la créativité humaine. Ce patrimoine est par ailleurs porteur de durabilité, car il est le résultat d’un équilibre précieux entre respect, exploitation et protection de l’environnement. Il est également universel, en ce qu’il est censé parler et interpeller n’importe quel individu ou n’importe quelle communauté.

Le patrimoine immatériel des zones de montagne représente un témoignage vivant de l’extraordinaire richesse culturelle de l’Europe contemporaine. Il est vecteur d’innovation sociale, culturelle et même technique et, en raison de ses étendue et caractère fédérateur, pourrait jouer un rôle fondamental au présent et à l’avenir dans la construction de la citoyenneté européenne.

Ce projet Europe Créative est conçu comme une nécessaire évolution du Réseau, orientée vers la création et la consolidation d’une plate-forme d’action et de coopération paneuropéenne focalisée sur le patrimoine culturel immatériel des espaces et communautés de montagne. Cette connexion territoriale reliant des aires de montagne diverses est mise en place à travers l’interaction d’organisations indépendantes, à savoir les partenaires principaux, comme établi dans la stratégie de coopération définie dès le lancement du projet en 2012. L’indépendance de nos organisations, loin d’être une limite, est fonctionnelle à la gestion souple de ce projet qui, de par la complexité qui le caractérise à plusieurs niveaux, impose un travail de terrain au plus près des communautés, une mobilité constante et une harmonisation systématiques des démarches, des langages et des visées.

Le présent projet s’inscrit dans la perspective de la pleine affirmation d’un modèle novateur et intégré de documentation, catalogage, transmission, recherche, création artistique et diffusion du patrimoine culturel immatériel des principaux massifs d’Europe. Il y a là une visée pluridisciplinaire qui dialectise de manière systématique des connaissances et des pratiques qu’il est dès lors possible de creuser, d’approfondir et de mettre en valeur.

Le projet Tramontana III saisit l’occasion pour approfondir et développer ce qui a été réalisé jusqu’à présent, afin de mieux valoriser notamment les aspects créatifs et les passerelles entre la recherche et la création dans le contexte qui est le nôtre.